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Taxinomie des plantes carnivores

Principes de nommage

La taxinomie est une méthode de classification du vivant, basé sur les caractéristiques intrinsèques de chaque être.

Un certain nombre de végétaux, notamment les plus connus, possèdent des noms familiers (souvent vernaculaires) ou un nom commun. Par exemple, Dionaea muscipula est fréquemment appelée attrape-mouches, ou tout simplement dionée, son nom commun. Les anglophones, eux, l’appellent Venus Flytrap.

Concernant le nom de la fameuse plante carnivore, du plus “scientifique” au moins “scientifique”, cela donne :

  • Dionaea muscipula (nom binominal universel)
  • dionée (nom commun)
  • attrape-mouches (nom familier)

Ce nom scientifique est toujours composé d’au moins deux parties :

  • le genre, qu’on écrit avant tout le reste, avec majuscule (exemple : Dionaea)
  • l’espèce, qui suit immédiatement le genre, sans majuscule (exemple : muscipula)

Il existe de très nombreux rangs dans la classification classique, parmi lesquels la famille, l’ordre, la classe, la division… mais ceux-ci ne sont pas à mentionner quand on veut simplement désigner la plante. Le rang le plus haut (comprenez, celui qui englobe le plus d’êtres) est le règne. Plantae est le nom universel qui désigne le règne végétal. Il est possible et accepté d’abréger le nom du genre (exemple : D. muscipula, à la place de Dionaea muscipula).

Rangs taxinomiques

Vous rencontrerez donc, la plupart du temps, uniquement les deux termes du genre et de l’espèce, qui forment le nom binominal du végétal. Mais il existe parfois des subtilités, qui sont également l’objet d’un classement, et entrent par conséquent dans le nom scientifique. On peut trouver, dans l’ordre :

  • la sous-espèce, écrite ssp. nom (exemple : Sarracenia purpurea ssp. venosa)
  • la variété, écrite var. nom (exemple : Drosera binata var. multifida)
  • la forme, écrite f. nom (exemple : Drosera binata var. multifida f. extrema)

Chacune de ces spécificités peut se retrouver seule après le nom de l’espèce, ou toutes être présentes, comme chez Sarracenia purpurea ssp. venosa var. burkii f. luteola, par exemple. Un cas assez extrême !

En taxinomie, les caractères d’un être vivant sont définis, puis un rang leur est attribué (espèce, sous-espèce, variété, forme…) en fonction de leur importance biologique. Le nom latin est alors construit en fonction du caractère particulier (exemple : Drosera binata var. multifida, en référence aux multiples couches de “laine” qui le recouvrent). Parfois, dans le cas de deux plantes en apparence identiques, une subtile différence au sein de la fleur de chacune de ces plantes peut suffire à les différencier dans le classement taxinomique, la pièce floral étant un élément clé dans le règne végétal. C’est ainsi que sont sans cesse créées de nouvelles variété et de nouvelles formes… Le classement du vivant évolue perpétuellement en cas de reprise d’anciens travaux, de nouvelle étude, ou encore de découverte.

Les hybrides complexifient encore l’écriture des noms. Chez les végétaux, un hybride est un croisement entre deux ou plusieurs plantes. L’hybridation est le plus souvent interspécifique : pour des raisons génétiques, on ne peut pas croiser un Drosera avec un Sarracenia ! En revanche, on peut croiser deux espèce de Sarracenia. L’hybridation de Sarracenia flava avec Sarracenia purpurea donne l’hybride Sarracenia flava x purpurea, ou flava est le parent femelle (qui a reçu le pollen), et purpurea le parent mâle. Le “×” est la marque de l’hybridation. Les hybrides les plus répandus acquièrent rapidement un nom qui leur est propre. Ainsi, en boutique, Sarracenia flava x purpurea est désigné par nom nom officiel : Sarracenia x catesbaei.

Vient ensuite le cas des cultivars. Ces “variétés cultivées” sont des plantes exotiques sélectionnés pour leurs caractéristiques particulières. Par exemple, un lot de jeunes Dionaea muscipula issues de semis peut recéler une plante différente des autres, qui arbore un caractère unique, voire plusieurs. L’exemple de la dionée n’est pas innocent, car cette plante carnivore a fait l’objet de plusieurs dizaines de sélections horticoles. Il en résulte un très grand nombre de cultivars, alors qu’il n’existe qu’une seule espèce de dionée : Dionaea muscipula ! Un nom de cultivar ne doit pas nécessairement être en latin. Ils sont parfois amusants, au gré de la fantaisie de la personne qui l’a découvert et décrit, comme Utricularia reniformis ‘Enfant Terrible’, cultivar officiellement enregistré ! La plupart du temps, les noms sont anglais.

Ce nom doit être inscrit entre guillemets simples, avec une lettre capitale à chacun de ses termes (exemple : Dionaea m. ‘Pink Venus’). Certains botanistes préconisent de ne pas écrire le nom de l’espèce. Pour éviter les confusions, nous l’écrivons systématiquement. Par ailleurs, les cultivars issus d’un croisement ont leur nom écrit après le genre et précédé du “x” marquant l’hybridation (exemple : Pinguicula x ‘Tina’).

Enfin, certains termes sont entre guillemets, sans majuscules. Il s’agit des plantes ayant une caractéristique particulière, mais qui ne fait pas (ou pas encore) l’objet d’un classement au sein d’un rang quelconque (exemple : Drosera binata var. multifida ‘fleurs roses’).

Signification des noms latins

Maintenant que les principes sont définis, on peut déchiffrer la signification des noms, et particulièrement des noms d’espèces. Généralement peu explicites, ils cachent le plus souvent une caractéristique importante de l’espèce. Elle est, souvent, d’ordre morphologique, mais on trouve également des références au lieu de la découverte, au lieu de croissance principal, etc… Le nom d’une plante peut également découler du nom de son découvreur. Libre à la personne qui le nomme de se baser sur un autre critère. Par exemple, Drosera aliciae signifie Drosera d’Alice (ou Rossolis d’Alice), en référence à une connaissance du botaniste Raymond Hamet, qui l’a nommé en 1905.

Signification des épithètes génériques des plantes carnivores

  • Aldrovanda : En l’honneur d’Aldrovandi (1522-1605), botaniste italien.
  • Byblis : De Byblis ou Bublis, personnage mythologique grec.
  • Brocchinia : En l’honneur de Giovanni Battista Brocchi (1772-1886), naturaliste italien.
  • Catopsis : Plante “vue du dessous” (du grec kata, en-dessous, et opsis, apparence) ; les Catopsis poussant surtout dans les arbres, d’un point de vue humain, ils sont vus du dessous.
  • Cephalotus : Plante fantastique en forme de tête (du grec cepha, tête, et lotos, plante fantastique dans la mythologie grecque).
  • Darlingtonia : En l’honneur de Cyril Dean Darlington (1903-1981), botaniste britannique.
  • Dionaea muscipula : De Dione (Diane), déesse dans la mythologie grecque et de muscipula : souricière (du latin Mus musculus, souris commune).
  • Drosera : Couvert de rosée, en référence à l’apparence des feuilles (du grec drosos, goutte de rosée).
  • Drosophyllum : Feuilles couvertes de rosée (du grec drosos, goutte de rosée, et phyllum, feuille).
  • Genlisea : En l’honneur de Félicité de Genlis (1746-1830), écrivain française.
  • Heliamphora : Amphore des marais (du grec helios, marais, et amphora, amphore).
  • Nepenthes : En référence au breuvage mythologique “nepenthe” qui permet d’éloigner la tristesse (du grec ne, indiquant la négation, et penthos, le chagrin).
  • Pinguicula : Petites feuilles grasses (du latin pinguis, gras, et cula, petit).
  • Roridula : Couvert de rosée, en référence à l’apparence des feuilles (du latin roridus, couvert de rosée).
  • Sarracenia : En l’honneur de Michel Sarrazin (1659-1734), médecin du Roi à Québec.
  • Stylidium : En forme de colonne ou de pilier, en référence à l’aspect de la structure reproductrice des fleurs (du grec stylos, colonne, pilier).
  • Utricularia : Petites outres, en référence à l’apparence des pièges souterrains (du latin utriculus, petit sac, et cula, petit).

 

 

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